Les évolutions du paysage industriel induisent de nouvelles contraintes pour l’appareil de production. En effet, les rachats, réorganisations et les délocalisations sont aujourd’hui un vecteur de croissance important pour les entreprises, qui sont souvent amenées à effectuer des transferts de production. Pour autant, mener de tels transferts est loin d’être anodin : il convient donc d’être méthodique, pour maîtriser les risques et obtenir le niveau de performance souhaité.
Qu’est ce qu’un transfert de production ?
Un transfert de production est un projet qui consiste à déplacer des moyens de production d’une zone A vers une zone B.
C’est donc avant tout un projet, qui doit bénéficier d’une gestion méthodique et efficace. Porté par un chef de projet, un transfert nécessite la constitution d’une équipe, incluant généralement au moins un chargé d’affaires pour les automatismes et machines spéciales, un méthodiste, un qualiticien, le responsable d’atelier et le responsable maintenance.
Bien sûr, suivant les enjeux, les délais, le nombre et la complexité des moyens à transférer, cette liste peut se restreindre ou, au contraire, s’allonger.
On peut distinguer différents types de transferts :
- Transfert interne usine avec conservation des moyens de production,
- Transfert interne usine avec renouvellement partiel ou total du parc machine (en y distinguant bien les machines catalogue et les machines spécifiques)
- Transfert interne groupe de site à site
- Externalisation des activités vers un sous-traitant avec transfert ou duplication du parc machine.
On pourrait inclure dans cette liste les projets de duplication de lignes, dont les conditions de réalisation sont généralment très similaires.
Quelque soit le cas envisagé, un transfert de production bien mené, doit permettre de déménager un groupe de machines sans pour autant perturber significativement les livraisons clients et la supply chain. Pour cela, la conduite préalable d’une analyse de risques est indispensable.
Pourquoi effectuer un transfert de production ?
Les motivations qui peuvent pousser à déclencher des projets de transfert sont nombreuses, et peuvent émaner de différents niveaux stratégiques de l’entreprise. Parmi ces motivations, on peut citer par exemple :
- Les évolutions de la charge ou la signature de nouveaux contrats, qui peuvent par exemple nécessiter :
o l’installation de nouvelles lignes de production
o la réorganisation des lignes existantes
o l’externalisation de la production
- La mise en place d’un nouveau schéma industriel groupe ou usine peut parfois imposer la réimplantation des zones de production.
Dans tous les cas, ce qui est attendu d’un transfert industriel est assurément une amélioration de la performance industrielle, que ce soit via une réduction des coûts, une augmentation de la productivité ou la résolution durable de problèmes qualité.
Quels sont les risques lors d’un transfert de production ?
Pour le management des risques, il faut commencer par établir un plan d’évaluation des risques. Ce plan, propre à chaque projet, devra comporter les rubriques suivantes :
- Le numéro de l’étape de production (issu du schéma synoptique de la production),
- La description de l’étape de production (si possible exprimée en terme de Valeur Ajoutée)
- Le(s) mode(s) de défaillance de chaque étape de production,
- L’effet du(des) mode(s) de défaillance de chaque étape de production,
- Les cotations sur une échelle à définir (de 1 à 10 la plupart du temps) de la gravité, de la probabilité d’apparition (fréquence) et de la probabilité de ne pas détecter le mode de défaillance,
- L’indice de pondération de risque (produit des trois facteurs présentés précédemment).
Ensuite, il convient d’élaborer le plan d’éradication des risques, comprenant :
- La cause d’apparition et/ou de non détection de chaque mode de défaillance,
- L’action et son type (correctif ou préventif),
- Le responsable de l’action,
- Le délai de réalisation de l’action,
- La date et le nom du vérificateur
Ces deux plans peuvent être présentés dans le même tableau : le plan de maîtrise des risques. Les deux parties (évaluation et éradication) de ce plan doivent apparaître clairement.
Dans la seconde partie de cet article, nous nous intéresserons aux étapes à suivre lors d’un transfert de production (à venir)